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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 19:12


  
                         

               


La traversée de l'île (92 km - 3200 M+/3150 M - )
du Sud (Maspalomas) au Nord
(Las Palmas).


www.grancanaria.com




Gran Canaria est une île volcanique de l'archipel des Canaries de 1560 km² située à l'Ouest du continent africain dans l'océan Atlantique à environ 200 km des côtes du Sahara Occidental et du Sud Maroc.
Les vents alizés et les doux courants marins font que le climat de Gran Canaria est, avec une température moyenne de 24°, un des meilleurs du monde.
C'est aussi une terre de contraste: la mer et la montagne (point culminant "El Picos de las Niebes" - 1949 M altitude), le chaud (27° lors de la course de jour) et le froid
( - 3° au sommet) mais aussi une île du tourisme qui accueille hôtels de luxe et touristes de tous horizons à 200 km des côtes africaines proches si miséreuses...


28 février 2009 - "Playa del Inglès" 00h00.  Sous la musique rock du célèbre groupe américain "Survivor" - "The eyes of the tiger", le départ est donné!  190 coureurs s'élancent pour tenter le défi.

 
Prêt pour le départ - la tension monte.  J'ai fait connaissance de "Jordi", un coureur espagnol habitant près de Barcelone.  Lui et son épouse nous emmèneront sur la ligne de départ et partageront ensuite nos impressions de course à l'hôtel.  Un chouette copain de course.

Après 17 semaines de préparation intensive, le moment tant attendu est arrivé.  Acclamé par la foule et par mon épouse en particulier, je m'élance à l'assaut de ce nouveau défi.  Je dois couvrir la distance en moins de 24 heures avec des barrières horaires à respecter.  Sur la plage, je remarque que la plupart des coureurs ont enfilé des protections sur les chaussures...  Pour ma part, n'ayant pas été au briefing de course pour éviter un déplacement de plus de 60 kilomètres, briefing dont je n'aurais pu comprendre la portée puisque livré en Espagnol,  je commets l'erreur de ne pas revêtir de guêtres.  Or, il faut parcourir 4 km de plage entre la mer et les célèbres dunes de Maspalomas, un des symboles de l'identité de la Grande Canarie...  Je décide de courir sur le sable mouillé pour bénéficier d'un meilleur appui et éviter l'entrée du sable dans mes chaussures.  Hélas, une vague vient me heurter de plein fouet et inonde chaussettes et chaussures de course...  Cela commence bien...   Flotch, flotch,...pieds trempés...

Au pied " D'el Faro de Maspalomas", je retire chaussettes et chaussures pour évacuer le sable qui s'est invité à mon insu.  Je me retrouve très vite à l'arrière du peloton et craint de me retrouver seul dans la nuit, malgré la présence de mon GPS et du road-book traduit par mon fils.   Nous sortons des faubourgs de la ville pour aborder une longue portion de parcours constituée de galets et empierrés qui mettent à mal nos chevilles et articulations.  A la lueur des frontales, il faut être vigilant pour ne pas, déjà, mettre un terme à l'aventure.  Je suis toujours à l'arrière du peloton.  Survient alors la première difficulté de l'épreuve: la montée Da Ancha au 19ème km.  De suite, l'utilisation des bâtons se révèle judicieuse.  Lors de cette montée (445 M altitude), je rejoins et dépasse de nombreux concurrents, dont mon ami Jordi.  Tout en m'hydratant et m'alimentant correctement, je savoure le spectacle.  Un ballet de frontales qui orne et décore un paysage grandiose constitué de cratères formés par l'ancienne activité volcanique.  A partir de cet instant, et tout au long de la course, je comprends, à nouveau, pourquoi je prends part à ce type de défi: il faut le vivre!!!
S'ensuit une longue descente qui nous emmène à la Presa de Ayagaûres (21ème km), lieu du premier ravitaillement en eau (citerne militaire).
Je fais, à nouveau, une pause pour enlever chaussettes et chaussures, car des pansements se sont décollés et se "baladent" sous mes pieds...
Je repars, les réserves en eau complétées, pour attaquer les choses sérieuses.  Prochaine étape: La Manzanilla au 32ème km (1186 M altitude).  Cette fois, la montée est technique et raide sur ces pentes volcaniques.  Nous traversons des forêts de ces cactus "Euphorbia Canariensis", plante endémique de Gran Canaria.

 


Ce vendredi, il a plu sur l'île.  Les roches sont glissantes.  Il faut être prudent pour ne pas chuter dans ces ravins vertigineux que l'on devine à la lueur de nos faisceaux lumineux...  Je reviens et dépasse, à nouveau des concurrents, dans cette montée abrupte.  Celle-ci est interminable et impressionnante: il suffit de lever la tête pour apercevoir les éclats de lumière envoyés par les lampes rouges obligatoires qui ornent l'arrière du sac de chaque participant.  La pente est vraiment raide.  J'alterne montée ne marche rapide avec des arrêts volontaires pour faire redescendre les pulsations cardiaques.  Arrive enfin le sommet qui précède une descente d'environ 4 km pour atteindre la ville endormie de Tunte au 36ème kilomètre.  Il est 06h00 du matin et la barrière horaire était fixée à 07h00.  J'ai donc une heure d'avance, mais il n'est pas question de traîner, la prochaine barrière horaire étant fixée à 13h00 à Garanon au km 49.
 Je décide de prendre mon temps, malgré tout, pour, envoyer un SMS à mon épouse, pour me ravitailler et me changer: en effet, ayant revêtu un sous-vêtement thermique au départ, suite aux conseils de Jordi (il va faire très froid au sommet), j'ai eu un peu chaud et je crains les chaleurs de la journée qui va suivre.  Je revêts donc une simple veste sous la vareuse obligatoire de l'organisation.
Je repars accompagné de deux, trois concurrents.  A la sortie de ville, nous attaquons directement LE PLAT CONSISTANT: 10 km de montée ininterrompue pour atteindre le point culminant de l'île: "El Pico de Las Nieves" qui culmine à 1949 M.  Un dénivelé positif de près de 1100 M à gravir!!!  De quoi rafraîchir les ardeurs.
Le jour se lève, dévoilant des paysages époustouflants de beauté.  J'immortalise la naissance de cette aube dans ces décors grandioses par la prise de quelques photos.


      
      


















Mes pieds me font souffrir.  L'échauffement provoqué par le sable et l'humidité des chaussettes a fait éclore trois voire quatre ampoules.  Je sais qu'une paire de chaussettes de rechange m'attend au prochain ravitaillement (Garanon).  J'essaie donc d'oublier ces souffrances pour me concentrer sur la montée vers le sommet de l'île.  Je commence également à souffrir du froid, malgré l'arrivée progressive des premiers rayons de soleil.  Quel ne fut pas mon étonnement, une fois arrivé au sommet, de découvrir un pic figé dans le gel... (moins 3 à moins 4 degrés, d'après certains concurrents!!!).  Quel contraste avec le climat des plages ensoleillées de l'île...

 
Sommet "gelé" d'El Pico de Las Nieves - 1949 M altitude.


S'ensuit une descente dangereuse sur les cailloux gelés qui rendent les appuis glissants.  Je ne traîne pas dans cette descente, car le froid m'engourdit et j'ai hâte d'arriver au prochain ravitaillement.
Km 49: "Garanon".  Il est neuf heures du matin!  La barrière horaire était fixée, pour cette partie la plus exigeante, à 13 heures.  J'ai donc 4 heures d'avance, cette fois...  Cela confirme mes bonnes dispositions lors de la montée, fruit d'un bon travail de préparation musculaire et explique les nombreux dépassements de concurrents.  Je décide de m'arrêter une bonne demi-heure pour me restaurer, envoyer un SMS pour signaler à mon épouse ma progression, et surtout, soigner mes ampoules aux pieds et enfiler des chaussettes sèches...  Je prends également la décision de me débarasser de ma ceinture porte-bidons, trop lourde  qui me blesse le haut des cuisses en montée.  Je prends le risque de me contenter des deux litres de réserve de ma poche à eau.

Je repars sous un soleil généreux qui me réchauffe progressivement en direction de la "Cruz de Tejeda" + km 54 - 1513 M.

 



Cette section de course comporte une succession de montées et descentes avec vue impressionnante sur le "Roque Nublo", un rocher emblématique de Gran Canaria.  Arrivé à "Cruz de Tejeda", je bascule alors en direction du prochain ravitaillement situé à "Teror" au km 66 où la barrière horaire est fixée à 19 heures.  Une interminable descente de près de 1000 M de dénivelée négative...
L'ultra est constitué de hauts et de bas.  L'expérience acquise au fil des épreuves permet de gérer ces successions de situation de bien et de moins bien...  Je suis sur cette portion de course, dans le "creux"!  Le soleil tape très dur, maintenant et me brûle la peau.  Je me fais rattraper par quelques concurrents, les ampoules, malgré les pansements "seconde peau", me font atrocément souffrir et une autre douleur générée par ces descentes interminables apparaît au niveau des tendons rotuliens.  Je sais que c'est un mauvais moment à passer: il faut s'alimenter et s'hydrater correctement, ralentir la cadence et forcément la forme reviendra un peu plus tard...
Je réécoute pour la xxx ème fois, une des chansons laissée sur mon MP3 lors de ma débâcle en Lybie l'année dernière.  Les images et souvenirs de ce périple me reviennent alors en tête et me donnent la force et le courage de continuer l'aventure.  On forge les plus belles victoires après une grande défaite...  Je sais, dès lors, que sans grave problème, je franchirai la ligne d'arrivée, "La Meta"...




 " Click sur bouton start pour écouter la musique".

 

 


J'aperçois dans ce paysage montagneux constitué de falaises escarpées et de ravins vertigineux, ça et là, des habitations qui témoignent de cultures, tantôt bananes, citronniers ou orangers.  A Garanon, au km 49, le départ du marathon a été donné et de nombreux concurrents à vareuse orange pour nous distinguer, me dépassent dans la descente à une cadence effrenée.  Je ne peux suivre leur allure.  Je gère ma course pour parvenir à Teror à 12h00 précises, soit 7 heures d'avance sur la barrière horaire.  Un SMS habituel pour signaler ma progression, un repos sur les marches de l'Eglise.  Je n'arrive plus, cependant à me ravitailler: ni en poudre, ni en solide.  Seul le liquide passe.  Dès que j'essaie d'avaler quelque chose, des nausées m'envahissent.  Je décide de ne pas trop traîner et je repars pour une nouvelle descente de près de vingt kilomètres pour atteindre "Los Giles", ravitaillement liquide au 85ème kilomètre.  Sur cette portion de course, je rejoins un couple de concurrents.  Je ferai plusieurs kilomètres en leur compagnie avant d'atteindre les fameuses "lavadas", ces canaux d'irrigation qui furent créés par la nécessité d'acheminer d'importantes quantités d'eau d'un versant à l'autre de l'île.
Vertige, s'abstenir!!!  Sur certaines portions, pour éviter de "nager" dans les canaux (remplis d'eau par les pluies de la veille), il faut monter sur le bord de la "lavada" de 30 cms de large et jouer au funambule, avec un vide vertical sur le côté gauche...  Après plus de 80 kilomètres de course parcourus, la fatigue d'une nuit blanche, la moindre inattention pouvait se révéler fatale...  Non content de nous proposer ce passage "de la mort", l'organisateur nous emmène face à un piton rocheux qu'il faut escalader, par paliers, A LA CORDE...pour finir les dix derniers mètres, par l'ascension verticale à la CORDE A NOEUDS!!!  Avec les bâtons en mains, ce ne fut pas chose aisée...



  Début de l'accès aux fameux "Lavadas de l'île"...









Arrivé au sommet, je profite du dernier ravitaillement pour envoyer un dernier SMS avant de traverser "Los Giles".  Je retrouve, dès lors, des jambes étonnamment frâiches et dépasse de nombreux concurrents, tant du 100 kilomètres que du marathon. 
Le soleil brille maintenant de tous ses feux: je sens ses brûlures de plus en plus vives sur ma peau.
Une dernière vue surplombante nous est offerte sur la baie de la célèbre plage de "Las Canteras" de Las Palmas.  Plein les yeux...
Un dernier effort pour traverser une partie industrielle de la ville, avant d'atteindre le but recherché: franchir la ligne d'arrivée à l'auditorium Alfredo Kraus de Las Palmas, après 15h37' et 92 kms d'efforts fournis et de souffrances endurées, sous les applaudissements des spectateurs présents, mon épouse et un couple d'amis.

Malgré tous mes ennuis qui ont accompagné ma traversée de l'île (ampoules, problèmes gastriques, MP3 défaillant,...) je suis étonné de mon résultat: sur 190 partants sur cette distance, 131 coureurs franchissent la ligne et je termine à la 48ème place, premier et seul Belge de l'épreuve...






Après avoir goûté aux délicieuses saveurs locales dont le fameux "Mojo Picon" sauce à l'ail typique de l'archipel canarien, et profiter d'un "farniente" bien mérité, nous rentrons au pays, une aventure de plus à mon actif et des souvenirs merveilleux plein la tête...

"HASTA LUEGO", Gran Canaria...








Eric, coureur dossard 542 et rapporteur.

 

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commentaires

C
c'est bôoobravo les gars
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